Dans une entreprise, il n’y a pas de problèmes juridiques, il n’y a que des problèmes de business. Mais tous les problèmes business contiennent une dimension juridique.
Les entreprises sont aujourd’hui sollicitées sur des sujets juridiques de plus en plus nombreux: de l’environnement, à la protection des données personnelles, en passant par les enjeux de la compliance, aux règlements européens. Les expertises juridiques demandées sont de plus en plus pointues sur chaque sujet.
Un avocat se sera jamais aussi spécialiste des sujets se rattachant à une organisation que le juriste de cette même entreprise qui est un spécialiste du secteur ou d’un domaine d’activité.
En miroir, les juristes d’entreprises attendent des avocats de leur fournir des réponses juridiques techniques et stratégiques dépassant leurs propres connaissances sectorielles.
Maitriser le droit, être capable de l’interpréter
Dire le droit et être en capacité de l’interpréter est le coeur de métier du juriste et de l’avocat dont la rigueur d’analyse doit se combiner avec l’agilité d’apprentissage et de la transmission aux parties prenantes: quel challenge ! et en plus, il y en a d’autres …
Surtout pour les juristes, qui se trouvent au coeur d’un système: l’organisation avec son homéostasie propre, au sein duquel se jouent des « jeux » qui ont leurs propres règles: liens de subordinations, enjeux de pouvoirs, représentations de rôles, attendus innomés, non-dits sous-jacents.
Entre l’enjeu que représente le fait de se maintenir à jour des dernières évolutions et de manager des équipes hétérogènes pour piloter des projets complexes, les directions juridiques se trouvent plus que souvent entre le marteau et l’enclume.
Au delà du Droit
Le nombre d’enquêtes parues et de formations sur le juriste augmenté en #businesspartner de l’entreprise démontre que la connaissance du secteur, des concurrents, des enjeux des clients t des partenaires de l’entreprise est un enjeu stratégique croissant, tant le développement de relations de confiance au service de la stratégique d’entreprise est devenu essentiel.
Comprendre les problèmes des clients internes à l’organisation, mais aussi des partenaires externes pour fluidifier l’activité et éviter les ruptures sur la chaine d’approvisionnement requiert de savoir prendre en compte, d’aborder, voire de traiter directement d’autres sujets périphériques au droit qui impactent directement la vie des affaires et animent de manière sous-jacente les demandes internes et externes à l’organisation faites au juriste d’entreprise, mais aussi à l’avocat.
Une vision à 360 degrés
La connaissance de la règlementation européenne ne peut faire l’économie d’une compréhension minimale de la géopolitique.
La compréhension des états-financiers sont bien souvent un pré-requis indispensable à la proposition de conseils pertinents dans les opérations d’acquisitions.
Etre en capacité de faire le lien entre ces composantes et la spécificité du business est un pré-requis pour construire la confiance avec les parties prenantes.
Cette capacité à interagir de manière transversale au sein et en dehors de l’entreprise, en pensant et en structurant les relations requiert des aptitudes différenciantes : adopter une posture différente de celle du sachant, écouter avant de conseiller ou dire le droit, fédérer une équipe autour de la gestion de projet, comprendre les mécanismes de cette dernière.
Depuis la conception d’un contrat, d’une joint venture, d’une cession ou une fusion, d’une transformation pour intégrer une culture de la conformité: tout est relation.
Relation avec les autres juristes de l’équipe, avec les commerciaux, les opérationnels, les experts, les partenaires externes. Mais être un professionnel de la relation, en connaitre les ressorts et accompagner les résistances, cela ne se décrète pas non plus. Comme allier les compétences du technicien avec celles de manager.
La plupart des compétences strictement techniques trouvent leurs limites face aux défis des relations interpersonnelles et de leurs enjeux systémiques, qu’il s’agisse d’une relation bipartite ou au sein d’un collectif.
Car tout est communication: depuis le fait de rester taisant, à l’utilisation d’un langage clair versus jargon, à la capacité à faire passer des messages qui soient effectivement reçus pour être suivis d’effets (comment le vérifiez-vous?), à la compréhension et la maitrise de la coopération inter-culturelle (ce n’est pas parce qu’on parle la même langue que son interlocuteur qu’on se fait forcément comprendre).
Intelligence Inartificielle
L’intelligence artificielle et l’analyse statistique se sont emparés de l’or noir des données juridiques. Le marché regorge de formations sur la consolidation, l’exploitation et la valorisation de ces données qui à terme permettront de formaliser des notes de synthèse, des consultations et des présentation en legal design qui forcent les praticiens du droit à repenser leur activité.
Mais si la compétence digitale est partout, comme le droit, la compétence digitale n’est pas tout.
Remettre l’humain au coeur de l’utilisation de la machine pour en devenir le chef d’orchestre et non l’exécutant est le défi posé tant aux juristes d’entreprises, qu’aux avocats.
« La connaissance s’aquiert par l’experience, tout le reste n’est qu’information » (Albert Einstein).
Pour naviguer dans les eaux troubles de la complexité, être équipé d’une boussole pour s’orienter, c’est la différence qui fait la différence.