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Contract management et inflation

Anticiper et limiter l’impact de l’inflation par le contract management

Du fait de l’inflation galopante, les professionnels de l’approvisionnement et du contract management du monde entier font face à un paradoxe. D’une part catapultés en première ligne de la bataille pour la maîtrise des coûts. D’autre part, en devant répondre aux injonctions d’une croissance soutenable et juste.

La maitrise des coûts est primordiale pour rester compétitifs et, dans certains cas, pour éviter la faillite. Dans leurs industries respectives, les acteurs partagent certains des facteurs en jeu. Y compris les stratégies pour combattre l’inflation et atténuer les risques. Mais le seul focus du coût peut s’avérer trompeur.

Le défi du contract management

Les professionnels de la Supply Chain, des directions commerciales et contract managers doivent maintenant faire face à un défi ambitieux. Lutter contre les augmentations de prix en amont et réaliser des économies d’une année sur l’autre malgré l’environnement inflationniste actuel. Pour la première fois depuis des années, les fournisseurs ont le contrôle et les économies de coûts sont difficiles à trouver.

L’évitement des coûts est-il le seul espoir pour l’avenir ? Nous ne le pensons pas.

Les défis de la chaîne d’approvisionnement mondiale sont dynamiques et complexes par nature. Mais elles peuvent se synthétiser par le simple concept de l’offre et de la demande. Nous sommes dans un environnement macro-économique où la demande dépasse largement l’offre sur presque tous les marchés. Le récent conflit géopolitique en Ukraine n’a fait qu’aggraver l’état d’une chaîne d’approvisionnement mondiale déjà tendue.

Au cœur de cette situation chaotique, la tendance est à l’augmentation continue des prix. Ceci donne à tous les secteurs un enjeu de maitrise des coûts qui risque de faire oublier ce sur quoi les parties peuvent gagner en marge de contrôle. La maitrise des interactions qui a un impact direct sur la qualité des relations commerciales et la capacité de négocier.

Rappel des facteurs macroéconomiques

Facteurs liés à la demande :

-Stimulation fiscale du gouvernement ; augmentation de l’épargne et du pouvoir d’achat des consommateurs.

-La demande accumulée créée par les fermetures de 2020 et 2021. Malheureusement, d’autres sont à escompter.

-Changement de la propension des consommateurs à acheter des biens plutôt que des services en raison des restrictions COVID.

Facteurs liés à l’offre

– Pénurie de main-d’œuvre alimentée par des allocations chômage sans précédent, l’accélération des départs à la retraite des baby-boomers.

– Fermetures d’usines en cours. En raison de l’incapacité à contenir les épidémies de COVID et des politiques chinoises de  » zéro COVID « .

– Des retards dans les ports. Dus à l’incapacité d’accroître les opérations en raison des problèmes de main-d’œuvre et d’infrastructure. On peut citer les secteurs du camionnage, de l’entreposage et de la logistique.

– Pénurie d’énergie en Chine. Ceci résulte des efforts de mise en conformité avec la politique énergétique, d’une augmentation de la demande de produits chinois et de ralentissements de la production.

-Interdiction d’importation par les États-Unis et l’OTAN de divers produits de base fournis par la Russie. Ceci limite l’approvisionnement en combustibles fossiles, en fer, en acier, en aluminium, en engrais, en bois et en autres matériaux sur le marché mondial.

-Les limitations des exportations ukrainiennes. Elles ont un impact sur la disponibilité de la chaîne d’approvisionnement mondiale pour les exportations de fer, d’acier, d’huile de tournesol (premier producteur mondial) et de blé.

Comment utiliser le contract management pour lutter contre l’inflation

Les banques centrales luttent contre l’inflation en relevant les taux d’intérêt. Ces efforts devraient ralentir l’inflation. Mais à court terme, les marchés de l’offre dans le monde, continueront à exercer une pression à la hausse sur les prix de tous les biens et services. En particulier les marchés des matières premières.

Il est difficile la possibilité de répercuter les augmentations de coûts sur les clients au même rythme que l’inflation. Notamment du fait de la nature dynamique des augmentations de coûts. Mais aussi de la sensibilité des consommateurs à des augmentations de prix aussi drastiques. Prenons l’exemple de la baguette de pain. Le doublement du prix du beurre et de la farine ne saurait donner lieu au doublement du prix de la baguette.

La dégradation des marges s’en ressent de plus fort. On voit bien la large de manoeuvre limitée des acteurs sur la politique de coûts. La véritable marge de manoeuvre réside dans les interactions et la qualité des relations commerciales. Car seule la qualité des interactions peut permettre de dépasser les problématiques de coûts. En développant la capacité des acteurs à l’écoute, l’adaptation et la créativité.

Prendre du temps en amont, pour en gagner en aval

Il existe des stratégies réactives et proactives à déployer pour atténuer les augmentations de prix en amont.

Bien qu’il soit préférable de déployer des stratégies proactives, les marchés de la chaîne d’approvisionnement mondiale d’aujourd’hui évoluent rapidement. Elle sont difficiles à prévoir, notamment en raison des facteurs géopolitiques.

Augmenter la capacité d’anticipation et d’adaptation contribue à changer son exposition aux risques et à gagner en marge de manœuvre.

Stratégie d’approvisionnement et contract management

Les professionnels de l’approvisionnement ont une influence sur les marges. Mais aussi sur la capacité des entreprises à maintenir leur stabilité financière dans ce contexte économique mondial inflationniste.

Or l’exposition des entreprises aux variations des prix des produits de base peut changer selon les stratégies proactives et réactives de maîtrise des coûts déployées ou non.

Evaluer concrètement les risques quant à la relation commerciale

  • Quelles sont les données factuelles ? et comment les accueillir, même quand elles fâchent ou qu’elles viennent nous confronter?
  • Comment se mettre dans les bottes des différents acteurs en présence?
  • Comment procéder à une analyse objective des risques et des opportunités, d’envisager plus qu’un seul et unique scénario?
  • Qu’en serait il si on envisageait le pire?
  • Quelles sont les propositions alternatives face à un même problème?
  • Qu’est qui a marché jusque là; sur ce qui n’a pas marché et pourquoi?
  • A quoi aboutirait-on si on faisant différemment? avec moins?
  • Que devrait on mettre en oeuvre pour être sûr d’échouer?

Que faire quand cela ne se passe pas comme prévu?

COMMENT RÉAGIR ?

Utiliser les outils de droit commun pour les contrats en cours: •Force majeure •Exception d’inexécution •Imprévision

COMMENT ANTICIPER ?

Utiliser les clauses contractuelles qui encadrent les clauses de tels évènements:

• Aménagement contractuel de la force majeure

•Clause de plafond de commandes

•Clauses de répartition des coûts •Clauses d’indexation •Clause de renégociation ou Hardship

Relations commerciales et coûts contractuels

Il est possible de mettre en place certains mécanismes :

  • – Demander certains documents pour accompagner tout avis d’augmentation. Tels que les lettres d’augmentation des coûts du fabricant. Les indices de référence et/ou les lettres de l’équipe de direction du fournisseur.
  • – Négocier un préavis écrit de 30 à 60 jours avant l’entrée en vigueur des augmentations.
  • – Penser un accord mutuel sur les augmentations par écrit pour permettre une période de négociation
  • – Convenir d’une formule d’augmentation des coûts et la mettre en œuvre avec le fournisseur au cours du processus contractuel en utilisant l’approche d’accumulation des coûts.
  • – Organiser le vérouillage des prix pour toute la durée du contrat. Bien que cela ait généralement un impact sur les prix offerts car les fournisseurs intègrent le risque dans les prix du contrat dès le départ.

Savoir utiliser le contrat au service de la stratégie choisie

Des incitations contractuelles stratégiques sont donc envisageables :

– Négocier un barème de rabais échelonné en fonction des dépenses annuelles. Ceci afin de compenser l’impact des augmentations de coûts futures et de fournir un système de récompense pour l’expansion du partenariat.

– Verrouiller les prix à terme des principales matières premières entrant dans la composition de votre produit ou service final. Ceci afin de réduire la volatilité et de tirer parti des variations du marché au comptant.

– Évaluer les produits de substitution en s’associant aux fournisseurs-partenaires. Ceci pour que des produits ou services de substitution moins coûteux soient étudiés, disponibles et prêts à être déployés opérationnellement. 

Il n’existe pas de solution miracle pour traverser cette période inflationniste et perturbatrice de l’économie mondiale. Cependant, les professionnels peuvent déployer diverses bonnes pratiques pour aider l’organisation à traverser les périodes de turbulences.

Anticiper, préparer, adapter les relations commerciales

iUne analyse des risques, suivie de stratégies et proactives et réactives est nécessaire. Elle rend possible de prévoir, contrôler et atténuer les augmentations de coûts.

Mais la véritable marge de manoeuvre porte sur la posture des acteurs sur le long de la chaine d’approvisionnement. Et leur capacité à créer les conditions de l’intelligence collective  afin d’assurer un avantage concurrentiel dans les secteurs respectifs.

Le paysage actuel appelle à développer la négociation raisonnée et la créativité.

En parlant d’agilité, le juridique devrait être un outil au service des acteurs. Développer des stratégies d’adaptation est devenu un véritable enjeu.

La sécurité et la pérennité des relations passera par un changement de posture. C’est à dire par une acculturation à la gestion du risque et au sens de la r!èglementation . Ceci pour transformer le juridique en levier de valeur et de confiance.

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